Le point sur la médecine 4P

On entend de plus en plus parler de la médecine 4P (personnalisée, préventive, prédictive et participative), pouvez-vous nous dévoiler les origines de cette médecine et nous la présenter succinctement ?

Dans le prolongement de celle pratiquée traditionnellement, couplée aux avancées technologiques, la médecine 4P (voire 5P pour Parcours ou/et 6P pour la Preuve) est centrée avant tout sur le patient plutôt que sur ses symptômes, avec une attention particulière à son individualité. Elle tient compte de son capital génétique, de ses antécédents, de son mode de vie, de son environnement et de son engagement dans son parcours de santé. 

En quoi cette médecine rejoint-elle votre expertise en matière de nutrition et de biologie fonctionnelle ?

Comme elle s’intéresse aux capacités intrinsèques de l’individu, elle nécessite de ne pas se cantonner au symptôme ou à la cible biologique touchée mais d’explorer le fonctionnement global l’organisme, grâce à des marqueurs épigénétiques, physiologiques ou/et nutritionnels, pour renforcer les potentialités d’autoréparation. 

La biologie fonctionnelle permet d’identifier le fonctionnement des organes, la richesse des fluides, la diversité du microbiote, l’approvisionnement en nutriments (les matières premières), les altérations de l’ADN et l’ARN, l’état inflammatoire ou le statut immunitaire…Ou plus simplement, de réaliser un « état des lieux » de l’organisme.

A partir de cet « audit » détaillé, il sera aisé de rétablir les équilibres biologiques, grâce aux 3 carburants de l’organisme que sont l’aliment, l’eau et l’oxygène. Ainsi, une alimentation ciblée en fonction des capacités d’assimilation et de digestion de l’individu, augmentera naturellement les apports en nutriments pour assurer le fonctionnement optimal de l’organisme. La nutrition, à partir des aliments ingérés, est un premier levier parfois suffisant et préalable à la thérapeutique médicamenteuse.

C’est tout ce qu’englobe mon approche de « l’épigénétique en pratique » que je transmets aux professionnels de santé

Avec cette médecine, l’anticipation semble au coeur de tout, se dirige-t-on vers une médecine plus préventive que curative ?

Je ne dirai pas PLUS préventive que curative mais préventive AVANT d’être curative.

Elles ne s’excluent pas, elles sont complémentaires.

La biologie préventive permet d’identifier les déséquilibres avant l’apparition des symptômes. Le rétablissement des équilibres, grâce aux trois carburants naturels de l’organisme éloigne l’apparition des pathologies.

Concrètement, comment appliquez-vous cette approche dans vos conseils ?

Mon approche est de considérer la personne comme un tout et pas uniquement comme la somme de ses parties. Aussi, je propose de démarrer par un questionnaire très complet pour connaître son parcours de vie et de santé, de sa naissance à aujourd’hui, ses lieux d’habitations, ses aspirations, ses événements marquants, son mode de vie, ses hobbies, ses symptômes, ce qu’il aime, ce qui le gêne, et ce sur tous les plans : digestifs, visuels, auditifs, cutanés…Cette anamnèse permet de cibler les bilans physiologiques et nutritionnels en fonction des épreuves décrites. Puis de débuter une alimentation individualisée, ultra digeste et assimilable, afin de rétablir les déséquilibres biologiques mis en évidence. 

L’individu est donc acteur au quotidien de sa santé, notamment à travers l’établissement de ses menus, mais aussi de son mode vie et de l’environnement qu’il se crée. Il participe ainsi personnellement à la prévention, puisque l’ensemble de ses actes influeront la suite de son parcours mais aussi collectivement, puisque son comportement et son métabolisme vertueux participent à l’écosystème dans lequel il vit…

Peut-on imaginer un impact de cette médecine sur la santé mentale ?

Naturellement parce que la santé mentale dépend du métabolisme interne. Elle est le résultat de la synergie de 3 principaux neurotransmetteurs produits à la base du cerveau et à partir des matières premières (les nutriments) issus des aliments ingérés.  

Un bilan de biologie fonctionnelle permet de mesurer l’activité de la noradrénaline, la dopamine et la sérotonine, qui modulent nos déterminants volitionnels (de la volonté) et émotionnels. Ainsi, la combativité et l’envie de gagner ou au contraire le doute et la résignation, dépendront de leurs synthèses, de leurs activités et de leurs interactions, tout autant que la concentration, l’efficacité et la performance

Voyez-vous un avenir à cette médecine dans les politiques publiques ?

Les politiques publiques évoluent selon les avancés scientifiques dans tous les domaines et la médecine 4P n’échappera pas à la règle. Elle a un avenir certain au sein de notre société, d’autant plus qu’elle œuvre au développement de tous les secteurs : Agricoles, techniques et technologiques, environnementaux, sociétaux…. 

Elle s’inclura sereinement dans nos systèmes de santé, sans changement radical mais en respectant le rythme d’évolution naturel de la médecine depuis ses origines.

Je fais le vœu qu’elle permette à chacun de vivre le plus longtemps possibles dans les meilleures conditions.